Les semenciers investissent tous azimuts
Le secteur des semences se porte bien. C'est un domaine où les entreprises n'hésitent pas à investir pour préparer l'avenir. Même si elle constitue la première source de mobilisation de capitaux, la recherche n'est pas le seul secteur où les semenciers font le choix d'investir.
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Pour la troisième année consécutive, le marché français des semences se conforte, il enregistre même une progression toutes espèces confondues, de + 4 % à 1,784 milliard d'euros. « Ce chiffre cache cependant des disparités entre espèces, constate Philippe Silhol, chef du service statistiques du Gnis, le groupement national interprofessionnel des semences. Ce sont les ventes de semences de céréales à paille qui ont connu la plus forte hausse, + 18 %. Cette augmentation s'explique à la fois par une augmentation du taux d'utilisation de semences certifiées, mais aussi par un effet prix, qui suit celui des céréales de consommation. Pour la campagne en cours, on s'attend à une légère baisse de ce marché car les poids de mille grains sont moins élevés et les semis plus précoces, donc avec des densités de semis plus faibles. Les ventes de maïs augmentent aussi de 7 %. Les fourragères enregistrent par contre une forte baisse (- 19 %), et ce pour la deuxième année de suite. Les éleveurs ont moins ressemé à cause des difficultés du secteur, et surtout des conditions climatiques catastrophiques au moment des semis. Si les betteraves, pommes de terre et potagères sont restées stables cette année, les ventes de semences d'oléagineux reculent de 5,6 % à cause d'une baisse des surfaces en colza à l'automne 2012. » Néanmoins, la progression du chiffre d'affaires des entreprises progresse encore plus vite, + 6 % par rapport à 2011-2012, et atteint le record de 3,136 milliards d'euros. L'export se porte très bien, la balance commerciale enregistre un nouvel excédent record de 836 M€, contre 665 M€ l'an dernier. Sur le plan de la réglementation, les semenciers ont vu cette année évoluer favorablement certains des dossiers, notamment celui de la rémunération de la recherche (Certificat d'obtention végétale) sur les semences de ferme avec l'accord sur les céréales à paille. Les discussions sont maintenant en cours concernant les pommes de terre. Sur d'autres aspects, les décisions réglementaires ont été moins favorables au secteur, c'est notamment le cas en protection des semences, avec l'interdiction du Cruiser.
Plusieurs bonnes années de suite ont donné certaines marges de manoeuvre aux semenciers et leur ont permis d'investir. Comme le constate Daniel Segonds, président du Gnis, le premier domaine qui mobilise les investissements des entreprises est celui de la recherche. Elles investissent aussi dans les hommes (lire p. 26 et 28) et dans la conquête de nouveaux marchés (p. 30 et 32). « La production mobilise également des capitaux importants, souligne le président du Gnis. Nos marchés se développent notamment à l'export. Selon les espèces, les semences sont produites sur les lieux de consommation ou peuvent voyager. Jusqu'à présent, la France est un pays où il fait bon produire des semences grâce à son climat, ses sols, son réseau de producteurs et l'organisation de la production. Mais la concurrence existe, avec des pays comme la Hongrie, l'Ukraine... Pour le moment, nos clients sont prêts à payer un peu plus pour des semences produites en France, mais nous devons être vigilants, et veiller à ce que ce différentiel de prix reste raisonnable. Les entreprises investissent en production de semences dans des techniques de plus en plus sophistiquées, notamment pour répondre aux évolutions de la réglementation. Mais ces capitaux mobilisés peuvent finir par peser. Les semenciers ont par exemple acheté des équipements coûteux, pour améliorer la qualité du traitement des semences, dans le cadre du plan qualité poussière. Il faut reconnaître ici qu'ils ont été mal récompensés de leurs efforts puisque les traitements de semences concernés ont été interdits. »
DOSSIER RÉALISÉ PAR BLANDINE CAILLIEZ
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